Empreinte carbone des Big Tech : quelle transparence ?

19 décembre 2024 | par la rédaction de Guide IT @Laetitia R.
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Empreinte carbone des Big Tech : quelle transparence ?

Une analyse poussée des GAFAM et leur utilisation des certificats d’énergie renouvelable

Dans un monde de plus en plus conscient des enjeux environnementaux, l’évaluation de l’empreinte carbone des grandes entreprises technologiques, et plus spécifiquement des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), a pris une importance croissante. Le Guardian a récemment enquêté sur cette question, se concentrant sur les rapports environnementaux annuels de ces géants. Pourquoi cette enquête est-elle cruciale ? Car elle remet en question la transparence de leurs pratiques en matière de compensation des émissions de CO2.

Les certificats d’énergie renouvelable sous la loupe

Au cœur du débat se trouvent les certificats d’énergie renouvelable (REC), qui attestent donc de l’achat d’énergie provenant de sources renouvelables. En théorie, le protocole GHG (Greenhouse Gas Protocol) impose que ces certificats proviennent de la même région géographique que les émissions qu’ils compensent. Cependant, plusieurs grands noms de la technologie, tels que Amazon et Meta, plaident pour un système plus flexible, exempt de ces restrictions.

D’autre part, Google et Microsoft soutiennent une révision du protocole (la première depuis une dizaine d’années), insistant sur le fait que l’origine géographique du réseau et la temporalité devraient être prises en compte. Qui a raison ? La réponse à cette question pourrait bien déterminer l’avenir de la durabilité dans le secteur tech.

Des chiffres qui interrogent

Ainsi, les rapports des GAFAM sur leur empreinte carbone présentent des disparités étonnantes. Les données fournies par ces entreprises incluent souvent les REC dans les résultats. Une fois ces initiatives de compensation retirées, les émissions « localisées » – c’est-à-dire celles engendrées là où la consommation a lieu – révèlent des écarts alarmants.

Pour 2023, Apple aurait des émissions localisées supérieures de 120 % à celles déclarées basées sur le marché dixit le Guardian et les estimations faites dans le cadre de cette enquête. Meta affiche une différence de 90 %. Quant à Google et Microsoft, les écarts sont de 40 %. Fait inquiétant, ces deux derniers ne publient pas de données sur leur scope 3, ce qui soulève des questions sur la comptabilité et la transparence de leurs rapports.

Des disparités manifestes sur le scope 2

Le scope 2 concerne les émissions indirectes liées à la consommation d’énergie, principalement celles générées par l’exploitation des datacenters. Dans ce domaine, Meta et Microsoft sont les seules entreprises à fournir des chiffres spécifiques sur leur empreinte carbone liée aux datacenters.

Ainsi, lors de l’utilisation de la méthode « marché », Meta a émis environ 273 tonnes de CO2 en 2022. En revanche, selon la méthode « localisée », ce chiffre pourrait atteindre près de 4 millions de tonnes. Pour Microsoft, la situation est similaire, avec des émissions atteignant 280 000 tonnes en méthode « marché », mais grimpant à 6,1 millions en méthode « localisée ».

Les enjeux du scope 3 : le révélateur de la réalité

Les datacenters tiers représentent une part considérable des émissions des hyperscalers et entrent dans le scope 3. Ce périmètre d’émissions plus large limite les écarts entre les deux méthodes d’évaluation, avec des multiplicateurs allant de 1,1 pour Amazon à 2,1 pour Apple. Autrement dit, les chiffres peuvent varier considérablement en fonction de la méthode utilisée.

Une consommation d’électricité en forte hausse

Enfin, l’Agence internationale de l’énergie prévient que la consommation d’électricité des datacenters devrait doubler d’ici à 2026, atteignant l’équivalent de celle du Japon. Cette situation soulève une question clé : comment les GAFAM géreront-elles cette montée en charge tout en garantissant des pratiques durables et transparentes ?

Conclusion : un chemin semé d’embûches

L’heure est grave. Les entreprises doivent aller au-delà de simples déclarations d’intention. Une vérification des chiffres et des méthodes utilisées est plus que jamais nécessaire pour garantir une réelle avancée vers des pratiques écoresponsables. La responsabilité incombe à chacune des Big Tech de s’engager dans une transparence totale pour gagner la confiance des consommateurs et des investisseurs. La route vers une empreinte carbone réduite est encore longue, mais elle doit passer par des actions concrètes, mesurables et transparentes.

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