La Commission européenne souhaite examiner de près les liens étroits entre OpenAI, l’éditeur de ChatGPT, et Microsoft, son principal actionnaire. Dans un communiqué, l’exécutif européen annonce vouloir vérifier si l’investissement de Microsoft dans OpenAI pourrait faire l’objet d’un examen en vertu du règlement européen sur les concentrations.
Cette démarche s’inscrit dans le contexte plus large d’un appel à contributions de la Commission européenne pour garantir une concurrence équitable sur les nouveaux marchés des mondes virtuels et de l’IA générative.Certains accords conclus entre grands acteurs numériques, développeurs et fournisseurs d’intelligence artificielle générative font par ailleurs l’objet d’une enquête, afin de déterminer leur impact sur la dynamique du marché, a fait savoir la Commission, sans pour autant nommer les entreprises concernées.
L’objectif est de s’assurer que ces nouveaux marchés restent compétitifs afin de favoriser la croissance des entreprises et l’innovation pour les consommateurs. La Commission européenne estime en effet que les systèmes d’IA générative peuvent aboutir à des positions de marché bien ancrées et à une concurrence potentiellement nuisible.
« L’investissement en capital-risque dans l’IA dans l’UE est estimé à plus de 7,2 milliards € en 2023. On estime que la taille du marché des mondes virtuels en Europe a atteint plus de 11 milliards € en 2023. Les deux technologies devraient connaître une croissance exponentielle à l’avenir. années à venir et auront probablement un impact majeur sur la manière dont les entreprises seront concurrentielles.» précise la Commission.
Cet appel à contributions est ouvert jusqu’au 11 mars. À ce stade, Bruxelles n’a pas précisé s’il s’agissait d’une première étape avant une enquête antitrust. Cependant, cette annonce intervient lors de la visite de Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la concurrence, dans la Silicon Valley, où elle rencontrera les dirigeants de plusieurs grandes entreprises technologiques.
Outre l’alliance entre Microsoft et OpenAI, la Commission européenne pourrait également s’intéresser à d’autres accords dans le domaine de l’IA générative, tels que ceux conclus entre AWS et Google avec Anthropic, principal concurrent d’OpenAI.
L’objectif de cette vérification est de déterminer si les liens capitalistiques entre Microsoft et OpenAI ont conduit à une fusion de fait entre les deux entreprises. Dans le cadre de leur « partenariat étendu » signé début 2023, Microsoft a investi plus de 10 milliards de dollars sur plusieurs années dans OpenAI, en acceptant d’être son fournisseur cloud exclusif via Azure.
Ce partenariat est considéré comme une « killer acquisition » par un regroupement de sept associations technologiques. Selon elles, leur accord risque de compromettre la concurrence sur le marché de l’IA, en limitant l’accès de nouveaux acteurs à ces technologies.
Bruxelles n’est pas la seule instance à s’intéresser à cette alliance: la Competition and Markets Authority a ouvert une procédure en ce sens, tout comme l’autorité britannique de la concurrence. De son côté, la Federal Trade Commission américaine examinerait également les liens entre Microsoft et OpenAI.