Sommaire
- Un secteur en pleine expansion
- Une consommation électrique à surveiller
- Groupama G2S : un modèle à suivre
- BPCE et les normes RSE
- Jiliti : une écoresponsabilité pour faire la différence
- La nécessité d’une optimisation des procédés
- L’intelligence des données au service de l’écologie
- Vers des projections plus éclairées
Un secteur en pleine expansion
La filière des datacenters en France représente un secteur de 5 milliards d’euros, générant ainsi 28 000 emplois directs et 45 000 emplois indirects (chiffres 2024 collectés par EY pour l’association France Datacenter). Ce domaine continue d’évoluer avec l’arrivée de l’IA générative, prévue pour entraîner une demande supplémentaire de 1 GW de puissance installée sur les dix prochaines années, comme le souligne Géraldine Camara, déléguée générale de France Datacenter.
Une consommation électrique à surveiller
La consommation électrique est un enjeu crucial dans le secteur. Son énorme hausse, couplée à une réglementation de plus en plus stricte, notamment avec les directives européennes sur l’efficacité énergétique, incite à repenser profondément les pratiques.
Lors du salon Data Center World Paris qui s’est tenu fin novembre dernier, des acteurs clés tels que Groupama G2S, BPCE, ou encore Jiliti ont partagé leurs démarches concernant la durabilité.
Groupama G2S : un modèle à suivre
Marc-Antoine Chaussard, chargé d’exploitation chez Groupama G2S, met en lumière les efforts vers une meilleure efficacité. Le groupe, disposant de deux datacenters en miroir et d’un troisième à Rennes, a un passé solide dans la mutualisation des ressources informatiques.
“Côté exploitation, nous faisons une recherche d’économies et d’efficacité sur de nombreux sujets, dont l’approvisionnement électrique”, déclare-t-il.
Le refroidissement est également au cœur des préoccupations : en 2012, Groupama G2S a été parmi les premiers à adopter le Free Cooling (via APL Data Center), un système qui utilise l’air extérieur pour refroidir les serveurs et non des climatiseurs, réduisant ainsi la consommation d’énergie.
BPCE et les normes RSE
Pour sa part, BPCE gère quatre datacenters en France et se concentre sur la réhabilitation des équipements dans le but d’améliorer leur efficacité énergétique. Laurent Marcou, chargé d’affaires chez BPCE, souligne l’importance des normes européennes : “Ces nouvelles contraintes sont nécessaires et opportunes. […] Nous ne sommes pas encore structurés pour répondre aux contraintes réglementaires et notamment de communication. Mais nous travaillons sur ces sujets et cela nous permettra de mettre en exergue les évolutions et donner une image plus positive de la filière.”
Le groupe mène déjà des actions de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et vise à renforcer sa politique de certification ISO 14001.
Jiliti : une écoresponsabilité pour faire la différence
Au cœur de cet écosystème, Jiliti se positionne comme un acteur majeur avec 3 500 clients, dont la moitié appartient au SBF120. Benoît Mahieu, senior vice-président de Jiliti, insiste sur l’importance de l’écoresponsabilité et du collectif : “L’écoresponsabilité sera un facteur de différenciation entre les acteurs du secteur.”
La stratégie de Jiliti se concentre sur cinq axes : prolongation de la durée de vie des équipements, modernisation des installations, optimisation des usages d’IT, recyclage, et valorisation des matériels.
La nécessité d’une optimisation des procédés
Toutefois, le chemin reste semé d’embûches. Les entreprises doivent faire face à des contraintes élevées et ne construisent pas de nouveaux datacenters chaque jour. Marc-Antoine Chaussard précise : “Nous sommes un peu prisonniers de notre système de refroidissement. Il est difficile de les faire évoluer.”
Néanmoins, des progrès notables ont été réalisés. Par exemple, l’optimisation des systèmes a permis d’augmenter la température de fonctionnement, réduisant ainsi la facture énergétique.
L’intelligence des données au service de l’écologie
La donnée joue un rôle déterminant dans ces évolutions. Les exploitants doivent contrôler de manière précise l’ensemble des températures pour optimiser la climatisation et l’utilisation d’énergie. L’IA se profile comme une solution prometteuse pour améliorer l’efficience énergétique. Laurent Marcou souligne l’importance de l’IA : “Nous avons besoin de l’intelligence artificielle, elle nous permettra de répondre aux pressions réglementaires. […] Nous travaillons sur ce sujet, de même que sur celui d’utiliser l’IA pour gagner en maintenance prédictive.”
Vers des projections plus éclairées
Des innovations telles que le jumeau numérique, qui modélise les systèmes informatiques et de refroidissement, offriront des perspectives inédites. Ce type d’outil promet d’améliorer significativement la prise de décision quant aux stratégies de datacenters. Benoît Mahieu conclut : “Il sera alors possible de réaliser des projections en fonction des options en cours d’étude […]. L’outil permettra de décider objectivement d’une stratégie plutôt que de lancer des actions non chiffrées.” Cet outil est attendu en 2025.
Pour rester compétitif, le secteur des datacenters doit donc évoluer vers une économie circulaire et une meilleure gestion de l’énergie, tout en intégrant de nouvelles technologies et en se conformant aux normes environnementales actuelles.
Avec ces efforts publics et privés, le secteur des datacenters prouve qu’il peut s’engager sur la voie de la durabilité tout en répondant à une demande croissante. Un chantier colossal est encore à mener, mais les initiatives en cours montrent des signes encourageants pour le futur écologique de ce secteur.