Une débâcle boursière alarmante  

Le géant des semi-conducteurs, Intel, est confronté à une situation critique. À midi, le 3 septembre 2024 dernier, son action a chuté à des niveaux inédits, plongeant ainsi au cœur d’une tempête boursière. Cette chute pourrait lui coûter sa place au sein du Dow Jones Industrial Average (DJIA), un retrait qui, bien que symbolique, ne tombe pas à pic pour une entreprise déjà en bataille technologique.  

Une bataille pour la survie dans l’ère de la GenAI  

Intel tente désespérément de garder sa pertinence dans le secteur des datacenters, particulièrement face à des concurrents redoutables, comme Nvidia, qui dominent le marché des solutions pour l’intelligence artificielle générative (GenAI). Selon des rapports récents, la société joue sa survie alors que ses actions ont chuté de près de 60 % cette année, faisant d’Intel la pire performance du DJIA. Pendant ce temps, Nvidia atteint de nouveaux sommets.

Une base installée qui pourrait sauver Intel  

Malgré ces difficultés, l’analyse de certains experts, comme Ryan Shrout de Signal65, met en lumière un point crucial : 80 % du marché des ordinateurs portables et des PC utilisent encore des puces Intel. Dans le secteur des datacenters, environ 70 % des serveurs fonctionnent avec des processeurs Intel Xeon. Cela laisse à l’entreprise un certain délai pour redresser la barre. Cependant, le véritable défi réside dans la perception. Si Intel n’adhère pas à la tendance de l’IA, cette image défaillante pourrait avoir des conséquences dévastatrices.

Un retard à rattraper dans le domaine de l’IA  

Sur ce sujet, Shrout affirme que la concurrence a su saisir l’importance de l’IA, tandis qu’Intel semble avoir manqué ce virage stratégique. En réaction, la société a pris des mesures draconiennes, y compris la suspension de son dividende et la suppression d’environ 15 % de ses effectifs. Parallèlement, elle prévoit une réorganisation des dépenses et des opérations pour se concentrer sur des activités essentielles, telles que la scission de ses unités de fonderie.

Des enjeux financiers et stratégiques à ne pas négliger  

D’autres analystes, comme Alvin Nguyen de Forrester, soulignent que la fonderie demeure une activité très coûteuse. « C’est un secteur capitalistique », déclare Nguyen. Si Intel réussit à percer dans ce domaine, la perception du marché pourrait changer. Mais, pour l’instant, les incertitudes persistent quant à son investissement dans des entreprises telles qu’OpenAI.

Une réputation en jeu : le statut au sein du DJIA  

Quant à la possible éviction d’Intel du DJIA, Nguyen la considère comme peu significative sur le plan financier, mais dommageable pour sa réputation. « C’est davantage une question de statut », explique-t-il. Pour l’instant, l’entreprise repose sur sa base installée pour traverser cette tempête, mais le danger d’une dégradation continue reste omniprésent.  

Un recentrage s’impose pour l’avenir d’Intel  

Un autre enjeu majeur est que l’entreprise a externalisé trop de ses opérations, notamment la fabrication de ses processeurs auprès de Taiwan Semiconductor Manufacturing Company Limited (TSMC). Cela n’envoie pas le meilleur message aux DSI, déjà en quête d’autonomie dans le domaine de la GenAI. Alors que la concurrence évolue vers des architectures entièrement axées sur l’IA, Intel doit choisir ses batailles.

Le défi reste de taille : réinventer Intel  

L’histoire d’AMD illustre que même les géants peuvent se relever de telles situations. Tout comme ils l’ont fait, Intel doit désormais se concentrer sur son cœur de métier et renoncer à des projets non essentiels. « C’est plus qu’un simple appel au réveil », conclut Mario Morales d’IDC. La capacité d’Intel à rebondir dépendra de sa capacité à se recentrer, à réévaluer ses priorités et à agir rapidement avant qu’il ne soit trop tard. 

Ainsi, Intel est à un tournant décisif de son existence, devant jongler entre son héritage et un futur incertain.