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Un contrat polémique en pleine tourmente
Le renouvellement des licences Microsoft par le ministère de l’Éducation Nationale soulève des questions qui méritent d’être posées. Annoncé le 14 mars, cet accord ne passe pas inaperçu et attire les critiques, notamment celle du député Philippe Latombe. Ce dernier n’hésite pas à demander à la ministre de l’Éducation, Elisabeth Borne, de dénoncer ce contrat. Pour lui, le timing est désastreux, alors que la relation avec les États-Unis est plus que tendue.
Un contrat lourd de conséquences
Doté d’une durée maximale de quatre ans et d’un engagement ferme de 12 mois, ce contrat se divise en trois lots. Les deux principaux sont remportés par la société Crayon France, représentant un montant d’environ 75 M€, avec un maximum pouvant atteindre 152 M€. Ce contrat couvre les licences pour les agents et établissements des ministères concernés, allant des services de l’éducation à ceux liés aux Jeux olympiques et paralympiques. Un troisième lot, de moindre ampleur, a été attribué à Open, pour la fourniture de support technique.
Dépendance à Microsoft pour ces contrats ?
La critique vise non seulement l’accord en lui-même, mais également les enjeux plus larges de la dépendance technologique. Philippe Latombe souligne que ce contrat « fait fi des directives » visant à éviter l’utilisation de solutions non souveraines. Un message clair dans un contexte plus que délicat des relations Franco-américaines.
Appels à l’annulation et à l’analyse critique
Le Conseil National du Logiciel Libre (CNLL) demande l’annulation de ce contrat. Pour eux, il s’agit d’un marché attribué sans réelle mise en concurrence, consolidant une dépendance déjà trop forte à un acteur américain. L’association rappelle l’alerte lancée en 2020 sur un précédent contrat des licences Microsoft, déjà considéré comme problématique.
Favoritisme en ligne de mire
Le CNLL n’est pas seul dans cette lutte. En 2022, l’association Anticor avait également dénoncé le favoritisme présumé dans un autre contrat similaire, en déposant une plainte auprès du Parquet national financier. La loi stipule que les spécifications techniques ne doivent pas favoriser un opérateur unique, et, selon eux, ce contrat va à l’encontre de cette règle.
Contre les consignes internes : un manque de cohérence
D’autant plus troublant, l’administration en charge semble ignorer les consignes de sa propre Direction du numérique. Dans un courrier adressé aux recteurs, il avait été précisé que toute donnée sensible doit être hébergée sur des infrastructures qualifiées SecNumCloud. Pourtant, le recours à des solutions non souveraines est expressément déconseillé dans l’éducation. Quelles sont donc les règles du jeu quand l’administration centrale s’affranchit de ses propres directives ?
Conclusion : un débat qui fait rage
Le renouvellement des licences Microsoft par l’Éducation Nationale ne semble pas être qu’une simple formalité. Cela soulève des points de friction majeurs quant à la souveraineté numérique et la dépendance technologique. Alors que les critiques fusent, une chose est certaine : la situation requiert un examen approfondi et une réelle prise de conscience des enjeux en cours. Les voix s’élèvent, et la balle est désormais dans le camp des décideurs pour réévaluer ce contrat controversé.